XIV
C’est par la lettre de Laura, insérée dans le journal d’Édouard, que Bernard acheva sa lecture. Il eut un éblouissement : il ne pouvait douter que celle qui criait ici sa détresse, ne fût cette amante éplorée dont Olivier lui parlait la veille au soir, la maîtresse abandonnée de Vincent Molinier. Et il apparaissait à Bernard, tout d’un coup, qu’il était seul encore, grâce à la double confidence de son ami et du journal d’Édouard, à connaître la double face de l’intrigue. C’était un avantage qu’il ne conserverait pas longtemps ; il s’agissait de jouer vite, et serré. Son parti fut pris aussitôt : sans oublier du reste rien de ce qu’il avait lu d’abord, Bernard n’eut plus d’attention que pour Laura.
— Ce matin, ce que je dois faire m’apparaissait encore incertain ; à présent je n’ai plus de doute, se dit-il en s’élançant hors de la pièce. L’impératif est, comme dit l’autre, catégorique : sauver Laura. Mon devoir n’était peut-être pas de m’emparer de