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XIII


On tire peu de service des vieillards.
Vauvenargues.


Journal d’Édouard
(Suite)

« 8 Novembre. — Le vieux couple La Pérouse a déménagé de nouveau. Leur nouvel appartement, que je ne connaissais pas encore, est à l’entresol, dans ce petit renfoncement que forme le faubourg Saint-Honoré avant de couper le boulevard Haussmann. J’ai sonné. La Pérouse est venu m’ouvrir. Il était en bras de chemise et portait sur la tête une sorte de bonnet blanc jaunâtre, où j’ai fini par reconnaître un vieux bas (de Madame de La Pérouse sans doute) dont le pied noué ballottait comme le gland d’une toque, contre sa joue. Il tenait à la main un tisonnier recourbé. Évidemment, je le surprenais dans une occupation de fumiste ; et comme il semblait un peu gêné :

« — Voulez-vous que je revienne plus tard ? lui ai-je dit.