Page:Gide - Les Faux-monnayeurs.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mand et de Sarah, à peine soupçonnait-il l’existence. Comme Olivier se montrait différent avec eux, de ce qu’il se montrait avec lui !… Dans cette chambre de Sarah, sur ce lit, Bernard aurait-il reconnu son ami ? À l’immense curiosité qui précipitait sa lecture, se mêlait un trouble malaise : dégoût ou dépit. Un peu de ce dépit qu’il avait ressenti tout à l’heure à voir Olivier au bras d’Édouard : un dépit de ne pas en être. Cela peut mener loin ce dépit-là, et faire faire bien des sottises ; comme tous les dépits, d’ailleurs.

Passons. Tout ce que j’ai dit ci-dessus n’est que pour mettre un peu d’air entre les pages de ce journal. À présent que Bernard a bien respiré, retournons-y. Le voici qui se replonge dans sa lecture.