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une partie du petit appartement qu’ils occupent, en installant Olivier et Georges, au-dessous de leur appartement, dans une chambre isolée, qui se trouvait vacante. La grande question est de savoir si, pour raison de santé, Vincent va devoir renoncer à l’internat.

« À vrai dire, Vincent ne m’intéresse guère et, si je parle beaucoup de lui avec sa mère, c’est par complaisance pour elle, et pour pouvoir sitôt ensuite nous occuper plus longuement d’Olivier. Quant à Georges, il me bat froid, me répond à peine quand je lui parle et jette sur moi, quand il me croise, un regard indéfinissablement soupçonneux. Il semble qu’il m’en veuille de n’être pas allé l’attendre à la porte de son lycée — ou qu’il s’en veuille de ses avances.

« Je ne vois pas Olivier davantage. Quand je vais chez sa mère, je n’ose le retrouver dans la pièce où je sais qu’il travaille ; le rencontré-je par hasard, je suis si gauche et si confus que je ne trouve rien à lui dire, et cela me rend si malheureux que je préfère aller voir sa mère aux heures où je sais qu’il n’est pas à la maison. »