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Il consulte sa montre. Onze heures trente-cinq. On devrait être arrivé. Curieux de savoir si par impossible Olivier l’attend à la sortie du train ? Il n’y compte absolument pas. Comment supposer même qu’Olivier ait pu prendre connaissance de la carte où il annonçait aux parents d’Olivier son retour — et où incidemment, négligemment, distraitement en apparence, il précisait le jour et l’heure — comme on tendrait un piège au sort, et par amour des embrasures.

Le train s’arrête. Vite, un porteur ! Non ; sa valise n’est pas si lourde, et la consigne n’est pas si loin… À supposer qu’il soit là, sauront-ils seulement, dans la foule, se reconnaître ? Ils se sont si peu vus. Pourvu qu’il n’ait pas trop changé !… Ah ! juste ciel ! serait-ce lui ?