— C’est à cela seul que je tiens ; je consens à ne posséder que cela.
— Orgueilleux ! Tu ne seras pas consulté. Entre nous, cette part est chanceuse ; je te conseille plutôt d’y renoncer. Cette part de dons personnels, c’est elle déjà qui fit ta perte ; ce sont ces biens que tu dilapidas aussitôt.
— Les autres je ne les pouvais pas emporter.
— Aussi vas-tu les retrouver intacts. Assez pour aujourd’hui. Entre dans le repos de la Maison.
— Cela va bien parce que je suis fatigué.
— Bénie soit ta fatigue, alors ! À présent dors. Demain ta mère te parlera.
LA MÈRE
Prodigue enfant, dont l’esprit, aux propos de ton frère, regimbe encore, laisse à présent ton cœur parler. Qu’il t’est doux, à demi couché aux pieds de ta mère assise, le front caché dans ses genoux, de sentir sa caressante main incliner ta nuque rebelle !
— Pourquoi m’as-tu laissée si longtemps ? Et comme tu ne réponds que par des larmes :
— Pourquoi pleurer à présent, mon fils ? Tu m’es rendu. Dans l’attente de toi j’ai versé toutes mes larmes.
— M’attendiez-vous encore ?
— Jamais je n’ai cessé de t’espérer. Avant de m’endormir, chaque soir, je pensais : s’il revient cette nuit,