— Pauvre enfant ! — reprend le père qui le relève, — je t’ai parlé peut-être durement. Ton frère l’a voulu ; ici c’est lui qui fait la loi. C’est lui qui m’a sommé de te dire : « Hors la Maison, point de salut pour toi. » Mais écoute : C’est moi qui t’ai formé ; ce qui est en toi, je le sais. Je sais ce qui te poussait sur les routes ; je t’attendais au bout. Tu m’aurais appelé… j’étais là.
— Mon père ! j’aurais donc pu vous retrouver sans revenir ?…
— Si tu t’es senti faible, tu as bien fait de revenir. Va maintenant ; rentre dans la chambre que j’ai fait préparer pour toi. Assez pour aujourd’hui ; repose-toi ; demain tu pourras parler à ton frère.
LA RÉPRIMANDE DU FRÈRE AÎNÉ.
L’enfant prodigue tâche d’abord de le prendre de haut.
— Mon grand frère, commence-t-il, nous ne nous ressemblons guère. Mon frère, nous ne nous ressemblons pas.
Le frère aîné : — C’est ta faute.
— Pourquoi la mienne ?
Parce que moi je suis dans l’ordre ; tout ce qui s’en distingue est fruit ou semence d’orgueil.
— Ne puis-je avoir de distinctif que des défauts ?
— N’appelle qualité que ce qui te ramène à l’ordre, et tout le reste, réduis-le.