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fraîche, couché sur les molles algues. — Morgain restait silencieux et triste, et comme je le suppliais de raconter ce qu’il avait vu, il répondit que, lorsqu’il le voudrait, il ne savait pas les mots pour le dire.

Puis vinrent de nouvelles fêtes, des illuminations et des danses : ainsi de nouveaux jours passèrent, et nous nous désolions à sentir nos belles vies s’écouler dans des occupations médiocres.


Nous songions au navire, et en nous grandissait im projet de fuite. En face du palais s’étendait la plaine, et le rivage découvert se recourbait en golfe ; — on voyait bien sur la mer immense que l’Orion n’était pas là. Mais de l’autre côté du palais devaient s’ouvrir d’autres plages ; là devait être l’Orion. Les hauts murs des dernières terrasses s’avançaient dans la mer comme pour en interdire l’approche ; des allées secrètes devaient y mener, mais seule la reine en savait l’entrée. — Par une nuit de mer si basse qu’elle quitta le pied des murs, Ydier, Hélain, Nathanaël et