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dotal. Ils offrirent leurs lèvres pour des baisers et leurs yeux souriaient de vicieuses promesses. Mais à l’horreur de nos refus, nous voyant étrangers, ignorants des coutumes de l’île, ces femmes, que nous n’avions d’abord pas reconnues, entr’ouvrant leur manteau pourpré, montrèrent leur sein peint de rose. Comme nous les repoussions encore, elles s’étonnèrent, — puis nous ayant pris par la main, nous conduisirent vers la ville.

Dans les rues ne rôdaient que des créatures admirables. Dès leur enfance, celles qui n’étaient pas parfaitement belles sexilaient. sentant sur elles une réprobation peser. Pourtant de très horribles ou très étranges demeuraient, choyées même, et servaient à des voluptés anormales. Mais nous ne vîmes aucun homme : — c’étaient des garçons seulement, aux visages de femme, des femmes aux faces de garçon : ceux-ci sentant venir les inquiétudes nouvelles, fuyaient vers les plateaux de l’île que tous les hommes habitaient. Depuis la mort de Camaralzaman, ils avaient tous quitté la ville. — Et toutes