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blancs et jaunes comme les primevères et les aubépines ; les papillons d’été diaprés comme toutes les fleurs, et les papillons de l’automne, de la couleur des feuilles mortes : mais ceux-ci, sur des fleurs rosées, avaient les ailes transparentes des papillons des hautes cimes, et les corolles des fleurs se voyaient à travers leurs ailes.

— Nous avons rencontré, sur le bord de la mer, un enfant mystérieux qui songeait, assis sur le sable. Il avait de grands yeux, bleus comme une mer glaciale ; sa peau luisait comme les lys et ses cheveux étaient comme une nuée que le soleil à l’aidée colore[1]. Il cherchait à comprendre des mots qu’il avait tracés sur le sable. Il parla : sa voix, de ses lèvres, jaillit, comme s’envole l’oiseau du malin, en secouant de la rosée ; nous lui eussions volontiers donné nos coquilles, nos insectes et nos pierres, volontiers tout ce que nous avions, tant sa voix charmante était douce. Il souriait avec une tristesse infinie. Nous voulions l’emmener au navire, mais s’é-

  1. Novalis.