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VI


Morgain a la fièvre. Il nous a demandé pour mettre sur son front, de la neige éternelle. Nous avons relâché devant une île où se dressait une montagne très élevée. Nous sommes descendus : Nathanaël, Ydier, Alain, Axel et moi, nous avons marché vers les neiges. Longtemps après, nous pensions encore à cette île, car elle était calme et charmante : à cause des glaciers descendus jusqu’en la vallée, un air presque frais circulait. Nous marchions, joyeux de nous sentir si pacifiques.

Nous étions parvenus au pied du glacier translucide : une fontaine claire s’est montrée. Elle stillait doucement de sous la glace : un quartz poli, qu’elle avait creusé en calice, la recueillait. Nous en remplîmes notre fiole de cristal pour en rapporter à Morgain. Eau