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pirer cette buée tiède, nous demeurâmes immobiles, flottants, abandonnés, vainement évanouis dans l’eau merveilleuse, verte et bleue, où ne glissait plus qu’un jour trouble, où les bras des grèles enfants se coloraient d’azur dans la lumière, et les gouttes tombant du plafond faisaient un clapotement monotone.



… Avec la nuit, la mer est devenue phosphorescente ; des flammes sur le bord, avec les vagues, se déchiraient. La nuit est devenue brûlante ; les matelots et les faux chevaliers sont allés retrouver des femmes, et la pensée de leurs embrassements nous a tourmentés cette nuit, car elle était vraiment trop amoureuse. Une lune énorme et rougie s’est levée de parmi les vagues, et a promené son reflet sur la mer déjà lumineuse. Dans le sillage de la lune, des barques brunes ont passé, regagnant les côtes. L’on n’entendait que le bruit des vagues et des flammes dans la nuit frôlées.

Et venus des forêts, les vampires aux larges