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montaient. — C’élaient des hommes à la peau safranée : ils étaient nus, mais à leur cou un sac réticulé pendait, qu’ils devaient remplir de coquilles. Ils les cueillaient avee leur grand couteau, puis, le sac plein, remontaient vite. Quand ils revenaient à l’air libre, leur poitrine se crispait un peu et un fil de sang, qui coulait de leur bouche, somptueux sur leur peau dorée, les faisait presque évanouir.

Nous avons jeté dans l’eau des monnaies neuves : on voyait leu scintillement s’enfoncer : et quand elles allaient disparaître, les hommes sautant de la barque et plongeant, les happaient comme on souflle sur une flamme. Mais si ce n’eût été la joie de regarder le fond de la mer, et de voir le sang de ces hommes, ces jeux ne nous eussent pas divertis : après quelque temps, nous avons regagné la ville.