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III


C’était le treizième jour ; dans cette plaine où nous étions perdus, depuis le matin, marchant toujours et sans jamais savoir la route. — on commençait à s’ennuyer, lorsqu’on rencontre : une fillette dans un champ d’alfa, brune et sous le soleil de midi toute nue, en attendant la nubilité, qui gardait de paissants dromadaires. On lui demande le chemin : — elle pleure en indiquant la ville. — Une heure après, nous avons vu la ville ; elle était grande, mais morte. Nous fùmes saisis d’une tristesse solennelle, — car les mosquées en ruine aux minarets cassés, les grands murs effondrés, les colonnes, faisaient à cette cité l’aspect morne et monumental. La large rue que nous suivions en escaladant les décombres, se perdait enfin