Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

on devrait tout faire comme un rite : ces gens regardaient les jeux sans solennité. — Qu’en pensez-vous, Urien, me dit Angaire ? — Et je répondis : Il faut toujours représenter. — Puis, comme cette discussion nous devenait à tous insupporable et que penser nous fatiguait, nous promimes de ne plus nous parler du passé, ni de raisonner sur les choses. Le matin venait : nous nous sommes quittés pour dormir.


Nous avions perdu de vue les côtes et nous voguions depuis trois jours en mer pleine, lorsque nous rencontrâmes ces belles îles flottantes qu’un courant mystérieux, longtemps a poussées près de nous. Et cette fuite parallèle au milieu des vagues éternellement agitées nous faisait croire d’abord l’Orion immobile, échoué peut-être dans le sable ; mais notre erreur n’a pas duré quand nous avons mieux vu les îles. Une barque nous descendit sur l’une d’elles ; elles étaient toutes presque pareilles et distantes également. Leur forme régulière nous les lit croire madréporiques : elles eussent été assurément