Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

déchiraient des feuilles de leur aile mal refermée. Ils voulaient, avant de mourir, gagner un abri de broussailles, les roseaux ne les cachant pas. Des plumes s'attardaient et, flottant sur les eaux, dans les airs, semblaient, autant que les brouillards, légères... Moi je me demandais : Quand ça va-t-il finir? -Enfin, au petit jour, les derniers survivants partirent; il se fit tout à coup un grand bruit d'ailes, que les derniers mourants comprirent. - Alors enfin revint Hubert, couvert de feuilles et de vase. Nous démarrâmes le canot plat et, le poussant avec des gaules au travers des tiges froissées, dans l'horrible clarté d'avant l'aube, nous recueillîmes nos victuailles. - J'en avais tué plus de quarante; - toutes sentaient le marécage... Mais quoi! vous dormez, chère Angèle? »

La lampe baissait faute d'huile, le feu se mourait tristement, et la vitre se lavait d'aube. Un peu d'espoir enfin des réserves du ciel semblait en grelottant descendre... Ah! que vienne enfin jusqu'à nous un peu de céleste rosée et, dans cette chambre si close où si longtemps nous sommeillâmes, fût-ce à travers