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Le soir, après le dîner, donc je me rendis chez Angèle. Elle était assise au piano; elle aidait Hubert à chanter le grand duo de Lohengrin, que je fus heureux d'interrompre.

« Angèle, chère amie, dis-je en entrant, je n'apporte pas de valise; pourtant je reste ici toute la nuit, selon votre gracieuse invite, attendant avec vous, n'est-ce pas, l'heure du matinal départ. - J'ai dû laisser ici depuis longtemps divers objets que vous aurez mis dans ma chambre : chaussures rustiques, tricot, ceinture, toque imperméable... Nous trouverons tout ce qu'il faut. Je ne retourne plus chez moi. - Il faut, ce dernier soir, s'ingénier, songer au départ de demain, ne rien faire qui ne le prépare; il faut le motiver, l'amener, le rendre en tous points désirable. Hubert devra nous allécher, par le récit de quelque ancienne aventure.