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un autre, à qui Tityre donne une fleur médicinale, la plante dans un vase et va la regarder pousser; un autre enfin sait bien qu'il a la fièvre, mais croit qu elle est utile à sa santé.

Et comme aucun enfin ne souhaitait guérir et que les fleurs s'en fussent fanées, Tityre prend lui-même la fièvre pour pouvoir au moins se soigner...

A dix heures on sonna; c'était Alcide. Il dit : « Couché! - Malade? »

Je dis :« Non. Bonjour, mon ami. - Mais je ne peux me lever qu'à onze heures. - C'est une décision que j'ai prise. - Tu voulais?

- Te dire adieu; on m'a dit que tu partais en voyage... C'est pour longtemps?

- Pas pour très très longtemps... Tu comprends qu'avec les moyens dont je dispose... Mais l'important c'est de partir.

- Hein? Je ne dis pas ça pour te renvoyer; - mais j'ai beaucoup à écrire avant de... enfin, tu es bien gentil d'être venu; - au revoir. » Il partit.

Je pris un nouveau feuillet et j'écrivis :

Tityre semper recubans

puis je me rendormis jusqu'à midi.