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et les en sortant aussitôt, je lui lus, avec toute l'atonie désirable :


JOURNAL DE TITYRE OU PALUDES

De ma fenêtre j'aperçois, quand je relève un peu la tête, un jardin que je n'ai pas encore bien regardé; à droite, un bois qui perd ses feuilles; au delà du jardin, la plaine; à gauche un étang dont je reparlerai.

Le jardin, naguère, était planté de passeroses et d'ancolies, mais mon incurie a laissé les plantes croître à l'aventure; à cause de l'étang voisin, les joncs et les mousses ont tout envahi; les sentiers ont disparu sous l'herbe; il ne reste plus, où je puisse marcher, que la grande allée qui mène de ma chambre à la plaine, et que j'ai prise un jour lorsque je fus me promener. Au soir, les bêtes du bois la traversent pour aller boire l'eau de l'étang; à cause du crépuscule, je ne distingue que des formes grises, et