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LE PROMÉTHÉE

pas ; cette attente je la croyais en l’homme ; cette attente je la plaçais dans l’homme. D’ailleurs, ayant fait l’homme à mon image, je comprends à présent qu’en chaque homme quelque chose d’inéclos attendait ; en chacun d’eux était l’œuf d’aigle… Et puis je ne sais pas ; je ne peux expliquer cela. — Ce que je sais, c’est que, non satisfait de leur donner la conscience de leur être, je voulus leur donner aussi raison d’être. Je leur donnai le feu, la flamme et tous les arts dont une flamme est l’aliment. Échauffant leurs esprits, en eux je fis éclore la dévorante croyance au progrès. Et je me réjouissais étrangement que la santé de l’homme s’usât à la produire. — Non