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LE PROMÉTHÉE

dévore. — Or qui dévore l’homme ? — Son aigle. Donc, Messieurs, il faut avoir un aigle. Je pense que voilà qui est suffisamment démontré.

… Hélas ! je vois, Messieurs, que je vous ennuie ; certains bâillent. Je pourrais, il est vrai, placer ici quelques plaisanteries ; mais vous les sentiriez factices ; j’ai l’esprit irrémédiablement sérieux. — Je préfère laisser circuler quelques photographies libertines ; elles feront tenir tranquilles ceux que mes paroles ennuient ; ce qui me permettra de continuer.

Prométhée but une gorgée d’eau. L’aigle fit en pirouettant trois fois le tour de Prométhée, puis salua. Prométhée reprit :