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ANDRE GIDE

ruissela des feuilles, des parfums s’étant élevés la forêt devint amoureuse. Il y eut des frémissements parmi l’herbe ; chaque forme cherchant, trouvant, faisant l’harmonie, les fleurs larges se balancèrent, et le pollen flotta, plus léger que la brume, en poussière. Une joie secrète et pâmée se sentait bruire sous les branches. J’attendais. Les oiseaux nocturnes pleurèrent. Puis tout se tut ; c’était le recueillement d’avant l’aube ; la joie devint sereine et ma solitude éperdue, sous la nuit pâle et conseillère.