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ANDRE GIDE

tant de religions inutiles, embrasser le bonheur qui viendra, fortement, sans scrupule et sans crainte ? Et je n’osais rentrer ce soir-là, sachant imaginer trop d’inquiétudes nouvelles ; je marchai vers les bois où déjà, jadis et tant de fois, ma tristesse s’était perdue. — La nuit vint et le clair de lune. Le bois se fit tranquille et s’emplit d’ombres merveilleuses ; le vent frémit ; les oiseaux de nuit s’éveillèrent. J’entrai dans une allée profonde où le sable à mes pieds luisait, et cette blancheur poursuivie me guidait. Entre les branches plus espacées, quand le vent agitait les arbres, on voyait flotter sur l’allée la forme insaisissable des brumes ; et, comme au milieu de la nuit la rosée