Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ANDRE GIDE

sentir plus fort encore et de la vaincre. — Mais la joie d’une si haute victoire — n’est pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans bataille.


Lorsque le printemps vint cette année, je fus tourmenté par sa grâce ; et comme des désirs faisaient ma solitude douloureuse, je sortis au matin dans les champs. Tout le jour le soleil rayonna sur la plaine ; je marchais rêvant au bonheur. Certes, il est, pensai-je, d’autres terres que ces landes désenchantées où je menais paître mon âme. Quand pourrai-je, loin de mes moroses pensées, promener au soleil toute joie, et, dans l’oubli d’hier et de