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— À quoi les comparerai-je aujourd’hui ? À la soif d’un plein jour d’été. Avant ce soir elles auront achevé de se dissoudre dans l’air.

— Je voudrais que vous me disiez s’il y a des lys dans la grande prairie devant nous ?

— Non, Gertrude ; les lys ne croissent pas sur ces hauteurs ; ou seulement quelques espèces rares.

— Pas ceux que l’on appelle les lys des champs ?

— Il n’y a pas de lys dans les champs.

Même pas dans les champs des environs de Neuchâtel ?

— Il n’y a pas de lys des champs.

— Alors pourquoi le Seigneur nous dit-il : « Regardez les lys des champs » ?

— Il y en avait sans doute de son temps, pour qu’il le dise ; mais les cultures des hommes les ont fait disparaître.

— Je me rappelle que vous m’avez dit souvent que le plus grand besoin de cette