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restât rien à ajouter, mais parce que je ne pouvais supporter son silence :

— Au reste, Jacques reviendra de ce voyage peut-être déjà guéri de son amour. À son âge, est-ce qu’on connaît seulement ses désirs ?

— Oh ! même plus tard on ne les connaît pas toujours, fit-elle enfin bizarrement.

Son ton énigmatique et sentencieux m’irritait, car je suis de naturel trop franc pour m’accommoder aisément du mystère. Me tournant vers elle, je la priai d’expliquer ce qu’elle sous-entendait par là.

— Rien, mon ami, reprit-elle tristement. Je songeais seulement que tantôt tu souhaitais qu’on t’avertisse de ce que tu ne remarquais pas.

— Et alors ?

— Et alors je me disais qu’il n’est pas aisé d’avertir.

J’ai dit que j’avais horreur du mystère