de la même vie, et qui s’aiment, peuvent rester (ou devenir) l’un pour l’autre énigmatiques et emmurés ; les paroles, dans ce cas, soit celles que nous adressons à l’autre, soit celles que l’autre nous adresse, sonnent plaintivement comme des coups de sonde pour nous avertir de la résistance de cette cloison séparatrice et qui, si l’on n’y veille, risque d’aller s’épaississant…
— Jacques m’a parlé hier soir et ce matin, commençai-je, tandis qu’elle versait le thé ; et ma voix était aussi tremblante que celle de Jacques hier était assurée. Il m’a parlé de son amour pour Gertrude.
— Il a bien fait de t’en parler, dit-elle sans me regarder et en continuant son travail de ménagère, comme si je lui annonçais une chose toute naturelle, ou plutôt comme si je ne lui apprenais rien.
— Il m’a dit son désir de l’épouser ; sa résolution…
— C’était à prévoir, murmura-t-elle en haussant légèrement les épaules.