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vive ? C’est ce qui ne devait s’éclairer pour moi qu’un peu plus tard. En attendant je devais parler à Jacques et lui signifier ma décision. Or un instinct aussi sûr que celui de la conscience m’avertissait qu’il fallait empêcher ce mariage à tout prix.

J’avais entraîné Jacques dans le fond du jardin ; c’est là que je lui demandai d’abord :

— T’es-tu déclaré à Gertrude ?

— Non, me dit-il. Peut-être sent-elle déjà mon amour ; mais je ne le lui ai point avoué.

— Eh bien ! tu vas me faire la promesse de ne pas lui en parler encore.

— Mon père, je me suis promis de vous obéir ; mais ne puis-je connaître vos raisons ?

J’hésitais à lui en donner, ne sachant trop si celles qui me venaient d’abord à l’esprit étaient celles mêmes qu’il importait le plus de mettre en avant. À dire vrai