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semaines environ, mais durant lesquelles Gertrude fit de sensibles progrès. Un zèle extraordinaire la stimulait à présent. Cette intelligence hier encore engourdie, il semblait que, dès les premiers pas et presque avant de savoir marcher, elle se mettait à courir. J’admire le peu de difficulté qu’elle trouvait à formuler ses pensées, et combien promptement elle parvint à s’exprimer d’une manière, non point enfantine, mais correcte déjà, s’aidant pour imager l’idée, et de la manière la plus inattendue pour nous et la plus plaisante, des objets qu’on venait de lui apprendre à connaître, ou de ce dont nous lui parlions et que nous lui décrivions, lorsque nous ne le pouvions mettre directement à sa portée ; car nous nous servions toujours de ce qu’elle pouvait toucher ou sentir pour expliquer ce qu’elle ne pouvait atteindre, procédant à la manière des télémétreurs.

Mais je crois inutile de noter ici tous les échelons premiers de cette instruction