qualités des objets plutôt que sur la variété de ceux-ci : le chaud, le froid, le tiède, le doux, l’amer, le rude, le souple, le léger… puis les mouvements : écarter, rapprocher, lever, croiser, coucher, nouer, disperser, rassembler, etc… Et bientôt, abandonnant toute méthode, j’en vins à causer avec elle sans trop m’inquiéter si son esprit toujours me suivait ; mais lentement, l’invitant et la provoquant à me questionner à loisir. Certainement un travail se faisait en son esprit durant le temps que je l’abandonnais à elle-même ; car chaque fois que je la retrouvais, c’était avec une nouvelle surprise et je me sentais séparé d’elle par une moindre épaisseur de nuit. C’est tout de même ainsi, me disais-je, que la tiédeur de l’air et l’insistance du printemps triomphent peu à peu de l’hiver. Que de fois n’ai-je pas admiré la manière dont fond la neige : on dirait que le manteau s’use par en dessous, et son aspect reste le même. À chaque hiver Amélie y est prise et me déclare :
Page:Gide - La Symphonie pastorale.pdf/47
Cette page a été validée par deux contributeurs.
