Je fus extrêmement ému quand, plus d’une heure après que tous furent couchés et qu’Amélie m’eût laissé seul dans la pièce, je vis ma petite Charlotte entr’ouvrir la porte, avancer doucement, en chemise et pieds nus, puis se jeter à mon cou et m’étreindre sauvagement en murmurant :
— Je ne t’avais pas bien dit bonsoir.
Puis, tout bas, désignant du bout de son petit index l’aveugle qui reposait innocemment et qu’elle avait eu curiosité de revoir avant de se laisser aller au sommeil :
— Pourquoi est-ce que je ne l’ai pas embrassée ?
— Tu l’embrasseras demain. À présent laissons-la. Elle dort, lui dis-je en la raccompagnant jusqu’à la porte.
Puis je revins me rasseoir et travaillai jusqu’au matin, lisant ou préparant mon prochain sermon.
Certainement, pensais-je (il m’en souvient), Charlotte se montre beaucoup plus