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— C’est dans la soumission qu’est le bonheur.

Je lui laisse le dernier mot parce qu’il me déplaît d’ergoter ; mais je sais bien que l’on compromet le bonheur en cherchant à l’obtenir par ce qui doit au contraire n’être que l’effet du bonheur — et que s’il est vrai de penser que l’âme aimante se réjouit de sa soumission volontaire, rien n’écarte plus du bonheur qu’une soumission sans amour.

Au demeurant, Jacques raisonne bien, et si je ne souffrais de rencontrer, dans un si jeune esprit, déjà tant de raideur doctrinale, j’admirerais sans doute la qualité de ses arguments et la constance de sa logique. Il me paraît souvent que je suis plus jeune que lui ; plus jeune aujourd’hui que je n’étais hier, et je me redis cette parole : « Si vous ne devenez semblables à des petits enfants, vous ne sauriez entrer dans le Royaume. »

Est-ce trahir le Christ, est-ce diminuer,