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comme on soigne un malade, — et d’un entraînement j’avais fait une obligation morale, un devoir. Oui, vraiment, ce soir même où elle me parlait comme j’ai rapporté, je me sentais l’âme si légère et si joyeuse que je me méprenais encore, et encore en transcrivant ces propos. Et parce que j’eusse cru répréhensible l’amour, et que j’estimais que tout ce qui est répréhensible courbe l’âme, ne me sentant point l’âme chargée je ne croyais pas à l’amour.

J’ai rapporté ces conversations non seulement telles qu’elles ont eu lieu, mais encore les ai-je transcrites dans une disposition d’esprit toute pareille ; à vrai dire ce n’est qu’en les relisant cette nuit-ci que j’ai compris…


Sitôt après le départ de Jacques — auquel j’avais laissé Gertrude parler, et qui ne revint que pour les derniers jours de vacances, affectant ou de fuir Gertrude ou de ne lui parler plus que devant moi —