La nuit dernière j’ai relu tout ce que j’avais écrit ici…
Aujourd’hui que j’ose appeler par son nom le sentiment si longtemps inavoué de mon cœur, je m’explique à peine comment j’ai pu jusqu’à présent m’y méprendre ; comment certaines paroles d’Amélie, que j’ai rapportées, ont pu me paraître mystérieuses ; comment, après les naïves déclarations de Gertrude, j’ai pu douter encore si je l’aimais. C’est que, tout à la fois, je ne consentais point alors à reconnaître d’amour permis en dehors du mariage, et que, dans le sentiment qui me penchait si passionnément vers Gertrude, je ne consentais pas à reconnaître quoi que ce soit de défendu.
La naïveté de ses aveux, leur franchise même me rassurait. Je me disais : c’est une enfant. Un véritable amour n’irait pas sans confusion, ni rougeurs. Et de mon côté je me persuadais que je l’aimais comme on aime un enfant infirme. Je la soignais