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la porte étroite

c’est quelquefois bien touchant… Au reste, il n’est pas nécessaire de rendre les fiançailles officielles… seulement cela permet de faire comprendre — oh ! discrètement — qu’il n’est plus nécessaire de chercher pour elles ; et puis cela autorise votre correspondance, vos rapports ; et enfin, si quelque autre parti se présentait de lui-même — et cela pourrait bien arriver, insinua-t-elle avec un sourire pertinent, — cela permet de répondre, délicatement, que : … non ; que ce n’est pas la peine. Tu sais qu’on est venu demander la main de Juliette ! Elle a été très remarquée cet hiver. Elle est encore un peu jeune ; et c’est aussi ce qu’elle a répondu ; mais le jeune homme propose d’attendre ; — ce n’est plus précisément un jeune homme… bref, c’est un excellent parti ; quelqu’un de très sûr ; du reste tu le verras demain ; il doit venir à mon arbre de Noël. Tu me diras ton impression.

— Je crains, ma tante, qu’il n’en soit pour ses frais et que Juliette n’ait quelqu’un