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lui eussent donné ce grand contentement qu’elle attendait. À présent, qu’elle me pardonne ! et que Dieu seul nous guide tous deux désormais ! Adieu, mon pauvre ami. Je suis plus tendrement que jamais, ton Alissa. »

Qu’eût pu signifier cette lettre ? Quels étaient donc ces mots qu’elle se désolait de n’avoir pas prononcés, sinon ceux par lesquels elle eût engagé notre avenir ? J’étais si jeune encore que je n’osais pourtant demander aussitôt sa main. Du reste, avais-je besoin de sa promesse ? N’étions-nous pas déjà comme fiancés ? Notre amour n’était plus un secret pour nos proches ; mon oncle, pas plus que ma mère, n’y apportait d’obstacles ; au contraire, il me traitait déjà comme son fils.


Les vacances de Pâques qui vinrent quelques jours après, je les passai au Havre, logeant chez ma tante Plantier, et prenant presque tous mes repas chez mon oncle Bucolin.