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la porte étroite

jouaient dans l’escalier ; elle les appela pour me les présenter. Lise, l’ainée de ses enfants, avait accompagné son père à Aigues-Vives. Un autre garçon de dix ans allait rentrer de promenade ; c’est celui dont Juliette m’avait annoncé la naissance prochaine en m’annonçant aussi notre deuil. Cette dernière grossesse ne s’était pas terminée sans peine ; Juliette en était restée longtemps éprouvée ; puis l’an passé, comme se ravisant, elle avait donné le jour à une petite fille qu’il semblait, à l’entendre parler, qu’elle préférât à ses autres enfants.

— Ma chambre, où elle dort, est à côté, dit-elle ; viens la voir. Et comme je la suivais : — Jérôme, je n’ai pas osé te l’écrire… consentirais-tu à être parrain de cette petite ?

— Mais j’accepte volontiers si cela doit t’être agréable, dis-je, un peu surpris, en me penchant vers le berceau. Quel est le nom de ma filleule ?

— Alissa… répondit Juliette à voix basse.