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la porte étroite

Seigneur ! en votre nom je n’ose…

Mais si je ne formule plus ma prière, en connaîtrez-vous moins pour cela le délirant souhait de mon cœur ?

27 septembre.

Depuis ce matin un grand calme. Passé presque toute la nuit en méditation, en prière. Soudain il m’a semblé que m’entourait, que descendait en moi une sorte de paix lumineuse, pareille à l’imagination qu’enfant je me faisais du Saint-Esprit. Je me suis aussitôt couchée, craignant de ne devoir ma joie qu’à une exaltation nerveuse ; je me suis endormie assez vite, sans que cette félicité m’eût quittée. Elle est là ce matin tout entière. J’ai maintenant la certitude qu’il viendra.

30 septembre.

Jérôme ! mon ami, toi que j’appelle encore : mon frère, mais que j’aime infiniment plus qu’un frère… Combien de fois ai-je crié ton nom dans la hêtraie !… Sortant chaque soir, vers la tombée