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la porte étroite

20 août.

Je le sens bien, je le sens à ma tristesse, que le sacrifice n’est pas consommé dans mon cœur. Mon Dieu, donnez-moi de ne devoir qu’à vous cette joie que lui seul me faisait connaître.

28 août.

À quelle médiocre, triste vertu je parviens ! Exigé-je donc trop de moi ? — N’en plus souffrir.

Par quelle lâcheté toujours implorer de Dieu sa force ! À présent toute ma prière est plaintive.

29 août.

« Regardez les lys des champs… »

Cette parole si simple m’a plongée ce matin dans une tristesse dont rien ne pouvait me distraire. Je suis sortie dans la campagne et ces mots que malgré moi je répétais sans cesse emplissaient de larmes mon cœur et mes yeux. Je contemplais la