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la porte étroite

que nous avons été sans doute tous deux seuls à connaître. Maintenant que me voici une presque vieille mère de famille et que beaucoup de cendres ont recouvert le brûlant passé, je puis souhaiter te revoir. Si quelque jour tes occupations ou ton agrément t’appelaient vers Nîmes, viens jusqu’à Aigues-Vives. Édouard serait heureux de te connaître et tous deux nous pourrions parler d’Alissa. Adieu, mon cher Jérôme. Je t’embrasse bien tristement. »

Quelques jours après, j’appris qu’Alissa laissait Fongueusemare à son frère mais demandait que tous les objets de sa chambre et quelques meubles qu’elle indiquait fussent envoyés à Juliette. Je devais recevoir prochainement des papiers qu’elle avait mis sous pli cacheté à mon nom. J’appris encore qu’elle avait demandé qu’on lui mît au cou la petite croix d’améthystes que j’avais refusée à ma dernière visite, et je sus par Édouard que cela avait été fait.

Le pli cacheté que le notaire me renvoya