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la porte étroite

excessif désespoir et restai longtemps pleurant et sanglotant dans la nuit.

Mais la retenir, mais forcer la porte, mais pénétrer n’importe comment dans la maison, qui pourtant ne m’eût pas été fermée, non, encore aujourd’hui que je reviens en arrière pour revivre tout ce passé… non, cela ne m’était pas possible, et ne m’a point compris jusqu’alors celui qui ne me comprend pas à présent.

Une intolérable inquiétude me fit écrire à Juliette quelques jours plus tard. Je lui parlai de ma visite à Fongueusemare et lui dis combien m’alarmaient la pâleur et la maigreur d’Alissa ; je la suppliais d’y prendre garde et de me donner les nouvelles que je ne pouvais plus attendre d’Alissa elle-même.

Moins d’un mois après, je reçus la lettre que voici :

« Mon cher Jérôme,

Je viens t’annoncer une bien triste nouvelle : notre pauvre Alissa n’est plus… Hélas ! les