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la porte étroite

— Il le faut bien.

Nous marchâmes quelques instants l’un près de l’autre sans plus rien dire. Elle reprit :

— Imagines-tu cela, Jérôme : Le meilleur ! Et brusquement les larmes jaillirent de ses yeux, tandis qu’elle répétait encore : le meilleur !

Nous étions de nouveau parvenus à la petite porte du potager par où tout à l’heure je l’avais vue sortir. Elle se retourna vers moi :

— Adieu ! fit-elle. Non, ne viens pas plus loin. Adieu, mon ami bien-aimé. C’est maintenant que va commencer… le meilleur.

Un instant elle me regarda, tout à la fois me retenant et m’écartant d’elle, les bras tendus et les mains sur mes épaules, les yeux emplis d’un indicible amour…


Dès que la porte fut refermée, dès que je l’eus entendue tirer le verrou derrière elle, je tombai contre cette porte, en proie au plus