tant chacun aggravait ma peine. L’avant-veille de mon départ pourtant, Alissa m’ayant accompagné au banc de la marnière abandonnée — c’était par un clair soir d’automne où jusqu’à l’horizon sans brume on distinguait bleui chaque détail, dans le passé jusqu’au plus flottant souvenir — je ne pus retenir ma plainte, montrant du deuil de quel bonheur mon malheur d’aujourd’hui se formait.
— Mais que puis-je à ceci, mon ami ? dit-elle aussitôt : tu tombes amoureux d’un fantôme.
— Non, point d’un fantôme, Alissa.
— D’une figure imaginaire.
— Hélas, je ne l’invente pas. Elle était mon amie. Je la rappelle. Alissa ! Alissa ! vous étiez celle que j’aimais. Qu’avez-vous fait de vous ? Que vous êtes-vous fait devenir ?
Elle demeura quelques instants sans répondre, effeuillant lentement une fleur et gardant la tête baissée. Puis enfin :