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la porte étroite

en souriant. Qu’avais-je affaire de cela ? Les pauvres âmes que voici — et elle se retournait vers ses livres — seraient bien embarrassées de dire si elles sont jansénistes, quiétistes ou je ne sais quoi de différent. Elles s’inclinent devant Dieu comme des herbes qu’un vent presse, sans malice, sans trouble, sans beauté. Elles se tiennent pour peu remarquables et savent qu’elles ne doivent quelque valeur qu’à leur effacement devant Dieu.

— Alissa ! m’écriai-je, pourquoi t’arraches-tu les ailes ?

Sa voix restait si calme et naturelle, que mon exclamation m’en parut d’autant plus ridiculement emphatique.

Elle sourit de nouveau, en secouant la tête.

— Tout ce que j’ai retenu de cette dernière visite à Pascal…

— Quoi donc ? demandai-je, car elle s’arrêtait.

— C’est ce mot du Christ : « Qui veut sau-