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la porte étroite

mais je me reproche de plus en plus d’occuper à ce point ta pensée.

L’été n’est plus bien loin. Renonçons pour un temps à correspondre et viens passer à Fongueusemare les quinze derniers jours de septembre près de moi. Acceptes-tu ? Si oui, je n’ai pas besoin de réponse. Je prendrai ton silence pour un assentiment et souhaite donc que tu ne me répondes pas. »

Je ne répondis pas. Sans doute ce silence n’était qu’une épreuve dernière à laquelle elle me soumettait. Quand, après quelques mois de travail puis quelques semaines de voyage, je revins à Fongueusemare, ce fut avec la plus tranquille assurance.


Comment par un simple récit amènerais-je à comprendre aussitôt ce que je m’expliquai d’abord si mal ? Que puis-je peindre ici que l’occasion de la détresse à laquelle je cédai dès lors tout entier ? Car si je ne trouve aujourd’hui nul pardon en moi pour moi--