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la porte étroite

vaise, il fait très froid et père ne parle plus que de rentrer en ville, À présent que Juliette ni Robert ne sont plus avec nous, nous pourrions aisément te loger, mais il vaut mieux que tu descendes chez tante Félicie qui sera heureuse elle aussi de te recevoir.

À mesure que le jour de notre revoir se rapproche, mon attente devient plus anxieuse ; c’est presque de l’appréhension ; ta venue tant souhaitée, il me semble, à présent, que je la redoute ; je m’efforce de n’y plus penser ; j’imagine ton coup de sonnette, ton pas dans l’escalier, et mon cœur cesse de battre ou me fait mal… Surtout ne t’attends pas à ce que je puisse te parler… Je sens s’achever là mon passé ; au delà je ne vois rien ; ma vie s’arrête… »

Quatre jours après, c’est-à-dire une semaine avant ma libération, je reçus pourtant encore une lettre très brève :

« Mon ami, je t’approuve entièrement de ne pas chercher à prolonger outre mesure ton séjour au