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la porte étroite

causer pour trois jours ; alors arrive une lettre nouvelle…

…Robert nous a quittés avant-hier ; il va passer la fin des vacances chez son ami R. dont le père dirige une ferme modèle. Certainement la vie que nous menons ici n’est pas bien gaie pour lui. Je n’ai pu que l’encourager dans son projet, lorsqu’il a parlé de partir…

…J’ai tant à te dire ; j’ai soif d’une si inépuisable causerie ! parfois je ne trouve plus de mots, d’idées distinctes, — ce soir J’écris comme en rêvant — gardant seulement la sensation presque oppressante d’une infinie richesse à donner et à recevoir.

Comment avons-nous fait, durant de si longs mois, pour nous taire ? nous hivernions sans doute. Oh ! qu’il soit fini pour jamais cet affreux hiver de silence ! Depuis que te voilà retrouvé, la vie, la pensée, notre âme, tout me paraît beau, adorable, fertile inépuisablement… »

12 septembre.

« J’ai bien reçu ta lettre de Pise. Nous aussi nous avons un temps splendide ; jamais encore la