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la porte étroite

laissez-moi ! » d’un ton si dur que je suis reparti sans demander mon reste. Voilà tout.

— Et maintenant ?

— Ah ! de t’avoir parlé m’a fait du bien… Et maintenant ? Eh bien ! tu vas tâcher de guérir Juliette de son amour, car, ou je connais bien mal Alissa, ou elle ne te reviendra pas auparavant.

Nous marchâmes assez longtemps silencieux.

— Rentrons ! dit-il enfin. Les invités sont partis à présent. J’ai peur que mon père ne m’attende.


Nous rentrâmes. Le salon en effet était vide ; il ne restait dans l’antichambre auprès de l’arbre dépouillé, presque éteint, que ma tante et deux de ses enfants, mon oncle Bucolin, Miss Ashburton, le pasteur, mes cousines et un assez ridicule personnage que j’avais vu causer longuement avec ma tante mais que je ne reconnus qu’à ce moment pour le prétendant dont m’avait parlé Juliette. Plus