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mieux. Jusqu’alors, craignant l’essoufflement de l’escalier, je n’avais pas osé quitter la terrasse ; dans les derniers jours de janvier, enfin, je descendis, m’aventurai dans le jardin.

Marceline m’accompagnait, portant un châle. Il était trois heures du soir. Le vent, souvent violent dans ce pays, et qui m’avait beaucoup gêné depuis trois jours, était tombé. La douceur d’air était charmante.

Jardin public… Une très large allée le coupait, ombragée par deux rangs de cette espèce de mimosas très hauts qu’on appelle des cassies. Des bancs, à l’ombre de ces arbres. Une rivière canalisée, je veux dire plus profonde que large, à peu près droite, longeant l’allée ; puis d’autres canaux plus petits, divisant l’eau de la rivière, la menant à travers le jardin, vers les plantes ; l’eau lourde est couleur de la terre, couleur d’argile rose ou grise. Presque pas d’étrangers, quelques Arabes ; ils circulent, et, dès