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Il proteste.

– Que fais-tu maintenant ?

Il sourit.

– Eh ! Moktir ! si tu n’as rien à faire, tu nous accompagneras à Touggourt. – Et je suis pris soudain du désir d’aller à Touggourt.

Marceline ne va pas bien ; je ne sais pas ce qui se passe en elle. Quand je rentre à l’hôtel ce soir-là, elle se presse contre moi sans rien dire, les yeux fermés. Sa manche large, qui se relève, laisse voir son bras amaigri. Je la caresse, et la berce longtemps, comme un enfant que l’on veut endormir. Est-ce l’amour, ou l’angoisse, ou la fièvre qui la fait trembler ainsi ?… Ah ! peut-être il serait temps encore… Est-ce que je ne m’arrêterai pas ? – J’ai cherché, j’ai trouvé ce qui fait ma valeur : une espèce d’entêtement dans le pire. – Mais comment arrivé-je à dire à Marceline que demain nous partons pour Touggourt ?…

À présent, elle dort dans la chambre voi-